18 mars 2021

« Rentrer, c’est comme un deuil.
Le deuil de ta vie là-bas. »

Écrit par Juliette Mantelet

  Le temps d’un allongé

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Sur Instagram, et sur les réseaux en général, nous ne montrons que le plus beau de nos séjours à l’étranger, les moments heureux, les rencontres avec des gens du monde entier, des paysages à couper le souffle, des plages paradisiaques à l’eau turquoise et au sable plus blanc que blanc. Dans un seul et même but, prouver aux autres, à nos abonné.e.s, notre bonheur ultime. Mais cette course effrénée aux photos les plus heureuses, les plus belles, les plus enviables, finit par nous donner l’impression qu’on est obligé.e.s de tout kiffer. Qu’on n’a surtout pas le droit de se plaindre en rentrant parce que, déjà, « on a eu de la chance de vivre ça« . Tout doit être rose. Toujours.

 

Et pourtant, après plusieurs mois passés à l’étranger, dans une autre vie, la réalité du retour n’est jamais facile. Mais on n’en parle pas. On sourit et on raconte sans se plaindre pour la énième fois, au bord des larmes, ce voyage qui a marqué notre vie et dont la nostalgie nous habite encore profondément, même des mois après le retour. C’est dur de dire à celleux qui nous envient, ou à nos proches ravi.e.s de nous retrouver, « je veux déjà repartir« .

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Tu te sens coupable parce que tu vois tous les gens qui sont hyper contents de te retrouver alors que toi tu ne fais que pleurer

Nombreux.ses sont mes ami.e.s qui sont parti.e.s vivre à l’étranger quelques mois, le temps d’un stage, d’un programme Erasmus. Toujours, ils.elles m’ont donné envie d’être à leur place, là-bas. Jamais, ils.elles ne m’ont avoué la difficulté de rentrer, le choc de reprendre sa « vraie vie », la longue et douloureuse réadaptation.

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J’étais dans une bulle de bonheur immense. Moi qui fais des crises d’angoisse assez souvent, je n’en ai pas fait une en six mois

Alors comment se sent-on vraiment après un tel voyage ? Cynthia, 25 ans, fraîchement rentrée de six mois passés à Montréal, l’évoque, sans tabou. Parce que c’est bien d’en parler, de dépasser le son de cloche général : « j’ai fait un voyage c’était trop cool ». Parce que, surtout, Cynthia aurait aimé savoir qu’elle pouvait ressentir tout ça avant de partir, « que c’était normal« . Être préparée au meilleur, mais aussi aux difficultés possibles. Aux hauts et aux bas.

La vie n’est pas faite d’une seule teinte.

Un voyage, c’est toujours du rose et du moins rose. Après avoir lu des dizaines de légendes Instagram sur l’Inde, « un voyage initiatique qui change littéralement la vie », il a par exemple été très délicat pour moi de vivre mon séjour là-bas, souhaitant à chaque coin de rue être frappée par une sorte de révélation, me sentir transformée. Et à mon retour, j’ai eu du mal à avouer aux gens impatients de m’écouter sur ce pays que beaucoup érigent en mythe, que j’ai vécu très angoissée toute la première moitié de mon voyage, que j’ai mis du temps à m’habituer… Et tout simplement que l’Inde était un autre monde, copieux à assimiler, plein de contradictions. Inoubliable, mais éprouvant.

Écoutons le témoignage de Cynthia :

Cynthia, le retour de l'étranger

  • Cynthia, le retour d'une année à l'étranger.

Postons aussi sur les réseaux les douleurs de notre retour ou les complications sur place. Bien plus intéressantes pour ceux.celles qui nous lisent, qui seront alors plus armé.es. pour anticiper tous les aspects de l’expérience. Les 6 mois de bonheur, et les 6 mois de « pincements au cœur ». Ne restons pas en façade, montrons autre chose que la devanture.

Il faudrait que les gens s’expriment plus là-dessus parce que je trouve que c’est assez rare alors que c’est un sujet important

Je cite pour conclure cette phrase importante et révélatrice de Coralie, amie avec qui Cynthia a vécu l’expérience de Montréal, réaction à chaud après l’écoute de son témoignage : Je n’ai jamais entendu parler du retour d’expérience à l’étranger. Pourtant, il faut en parler. Il faudrait qu’on soit informés de tout ça. Moi dans ma tête c’était : Ok tu es triste, mais tu as vécu un truc de fou donc ça passe« .

 

Ne banalisons pas nos souffrances, acceptons toutes nos émotions.

Sans vous ça ne va pas durer très longtemps

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Une réponse

  1. Je m’identifie totalement à cet article. Je pense que s’exprimer la dessus c’est aussi dur car souvent, et c’est normal, on nous renvoie à quel point on a de la chance d’avoir cette expérience de voyage à l’étranger. En fonction de la génération et de la classe sociale ce n’est pas une étape normale mais un élément exceptionnel vu comme un choix, une opportunité qu’il faut savoir apprécier à sa juste valoir quitte à nous demander d’oublier que rien n’est idyllique dans la vie.

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