18 mars 2021

« La clef du bien vivre post-partum, c’est la communication »

Écrit par Juliette Mantelet

  Le temps d’un ALLONGé

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Ma mère m’a toujours décrit son accouchement et les mois qui suivirent très brièvement, parce que ce fut une période facile, douce. À peine arrivée à la maternité, déjà accouchée. Ensuite, pas de montées de lait, de saignements, de baby blues ou de dépression post-partum. Et tant mieux. Mais quand Clothilde, une amie de longue date, m’a raconté avec honnêteté son accouchement, plus difficile, et surtout les semaines qui suivirent et la découverte sur le tas avec brutalité d’un mot, le post-partum, je suis vraiment tombée des nues. Comme le dit Illana Weizman, autrice du formidable Ceci est notre post-partum et créatrice du hashtag #monpostpartum sur les réseaux : « Il est grand temps de nous réapproprier nos vécus et nos expériences, en parlant, en nous montrant, en balayant ces normes arbitraires. Le corps post-partum est puissant, fier, redonnons-lui la lumière qui lui a été confisquée.« 

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“Je n’en ai pas du tout parlé avec ma maman ou des amies qui avaient déjà accouché et j’ai été assez choquée de découvrir ça à mes dépens dans les jours qui ont suivi mon accouchement ”

– Clothilde

Le post-partum, du latin post, derrière et partus, mise bas, c’est tout simplement la période qui suit l’accouchement.

Une période essentielle pour le corps de la femme et sa reconstruction, dont pourtant on ne parle pas. Qu’on ne représente jamais dans les films ou les séries qui s’arrêtent généralement sur l’épiphanie, enjolivée, de la naissance. La mère, épuisée mais souriante, toujours, prend son enfant dans les bras pour la première fois, le coup de foudre est immédiat, obligatoire. The End. Mais pourtant, après l’accouchement c’est en fait loin d’être fini. Le post-partum ne fait que commencer. Et il s’accompagne pour une grande majorité des femmes de nombreux symptômes, autant physiques que psychologiques, qu’elles doivent trop souvent affronter seules, sans oser en parler autour d’elles ou à un spécialiste. Écoulement de sang, hémorroïdes, contractions utérines, montée de lait, incontinence urinaire, stress post-traumatique, blues, dépression… « 94 % des femmes rencontreraient au minimum un problème de santé dans cette période », écrit Illana Weizman dans son essai. Les saignements prolongés et excessifs concernent 20 % des femmes, les hémorroïdes 30 % et la dépression post-partum touche une femme sur cinq. Il est donc grand temps d’en parler, surtout quand on sait que près de  700 000 bébés voient le jour chaque année en France.

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« Je n’avais absolument pas conscience que pendant plusieurs semaines j’allais pouvoir saigner abondamment  » – Clothilde

On estime couramment que le post-partum prend fin au retour de couches, le moment où les règles réapparaissent. Mais pour de nombreuses femmes, il peut en fait se prolonger jusqu’à plusieurs années après l’accouchement. Notamment pour ce qui concerne les symptômes psychologiques. Les mères ont des cours de préparation à l’accouchement, mais pas au post-partum. C’est donc un don précieux que m’a fait Clothilde en me livrant le témoignage de son post-partum à elle, pour mieux me préparer à une potentielle maternité future. À 25 ans, on ne m’en avait jamais parlé comme ça. À elle non plus d’ailleurs. Et en la quittant, je n’ai eu de cesse de transmettre sa parole à tous mes ami.e.s croisé.e.s depuis. C’est pour ces raisons que je le publie ici aujourd’hui. Pour le transmettre au plus grand nombre.

Parce que « le savoir, c’est le pouvoir », et qu’il vaut mieux prévenir que guérir, toujours.

Et surtout, pour qu’à force de répandre nos paroles, plus aucune autre femme ne se sente coupable, dépassée, perdue, « chochotte » face à son post-partum. Il était important pour Clothilde de poser des mots sur ses maux, sur ses douleurs, de les exprimer. Et pour nous, qui croyons fermement au pouvoir des mots, de donner un espace à cette parole. Pour dépasser le « politiquement correct », dont parle avec justesse Sophie Baconin, fondatrice du podcast Le Quatrième Trimestre. « Tu viens d’avoir un bébé, ce n’est pas politiquement correct de dire que ça ne va pas. Alors on ne te pose pas la question. On n’envisage même pas que ça puisse ne pas être que du bonheur. Et nous on n’en parle pas de peur de passer pour des mauvaises mères. »

Nous sommes des miroirs les unes pour les autres et nous ferons tomber les silences ” – Illana Weizman

Clothilde, la parole est à toi :

Clothilde, le post-partum

  • Clothilde, le post-partum.

Comme vous venez de l’entendre, Clothilde a tiré de son expérience un « petit guide pratique du post-partum« , rempli de conseils et d’astuces du quotidien qu’elle aurait aimé connaître pour mieux vivre cette période, mieux la comprendre. Il s’intitule très justement, Ce que j’aurais aimé savoir avant d’accoucher. Un guide qu’elle souhaitait le plus représentatif possible. « Je ne voulais pas que ce soit uniquement mon témoignage mais que ça parle au plus grand nombre ! Donc je l’ai fait relire par des sages-femmes aux profils différents (mamans et pas mamans, en libéral ou à l’hôpital, exerçant en France ou à l’étranger…) « . On vous le met à disposition à la fin de l’article. Et pour déconstruire en profondeur le mythe de la maternité, et mieux comprendre les problématiques des politiques publiques en matière de post-partum, je ne peux que vous recommander l’essai nécessaire d’Illana Weizman, Ceci est notre post-partum.

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Juliette Mantelet

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