David, 52 ans : « n’est pas pédophile mais incestueux. » Il tient à cette dénomination car selon lui, elle fait vraiment une différence. À ses yeux, il n’est un danger qu’envers sa propre fille. « J’avais peur de moi « , confie l’homme dynamique et grisonnant à sa dixième intervention au groupe de parole. Face aux regards par écrans interposés, David apparaît meurtri et révèle être sur le chemin de la repentance, lui qui a ressenti des pulsions envers sa propre fille dès ses onze ans, l’accompagnant jusque dans ses douches. Aujourd’hui, et après un an de prison, David suit douze à quatorze heures de psychanalyse par mois. « Pour l’instant je n’arrive pas encore à assumer, je dors deux heures par nuit, j’ai de trop petites épaules » affirme-t-il, la voix prise de sanglots. Marié, père de deux enfants, David semblait s’être construit une vie ordinaire et heureuse. Seulement, et comme bien souvent, son passé l’a rattrapé. Violé plus jeune à de nombreuses reprises par un membre de sa famille dont il taira la filiation, David n’en a jamais parlé à personne avant de rencontrer, à vingt et un an, celle qui deviendra sa femme. Ils se marient et accueillent très vite une petite fille. David n’a alors qu’une seule crainte, qu’il lui arrive la même chose qu’à lui enfant. Il veille au grain, prêt à bondir, n’en dort pas la nuit. Il n’envisage pas une seconde que la menace puisse vivre sous le même toit. Lorsque sa fille atteint l’âge prépubère de onze ans, David évoque une pulsion incontrôlable qui a surgi en lui,
« On pourrait apparenter cette pulsion à celle de la colère.«
décrit-il. Le quinquagénaire, moins souriant devant son écran qu’aux prémices de la réunion, se prend la tête dans les mains, il marque un silence.