Musique. On commence la séance par des étirements, des « équis » aussi comme Audrey les appellent pour étirer et chauffer nos muscles tout en trouvant notre équilibre. « Tu sais encore faire le pont ? » me demande-t-elle. Dans ma tête, oui ça va le faire, même si ça fait 20 ans et quelques que je n’ai pas tenté cette pose. Je m’allonge, je mets les bras en arrière, les pieds rapprochés prêts à soulever. Et là, impossible. Ça ne monte pas d’un centimètre. Bon et bah ça sera pour une prochaine fois. C’est dingue ce qu’on réussissait à faire enfants, finalement. Puis Audrey me propose de commencer la séance à la barre, je dois retirer mes bagues pour ne pas abîmer la grosse Berthe. Avant chaque séance, Audrey nettoie sa barre précautionneusement avec de l’alcool, puis elle utilise du grip ou de la magnésie. Bichonnée, la Berthe, je vous l’dis.
Audrey me propose de commencer les figures de la plus dure à la moins dure, car je vais finalement vite me fatiguer en cours de séance et c’est en début que mes muscles sont les plus aptes. On démarre par une inversion. Déjà le mot fait peur. Il s’agit d’inverser complètement son corps tout en montant sur la barre. Je la vois faire avant moi et ça parait presque simple. Ça parait. En réalité, une fois montée là- haut, après un petit élan, je tente fébrilement de me rappeler de ma droite et de ma gauche tout en lâchant mes jambes comme il faut derrière moi. Audrey me tient quand il faut pour me donner la juste impulsion et me repositionner si nécessaire. Une fois sur la barre, la tête à l’envers, tout ce que je connais du monde n’existe plus, je dois réapprendre l’espace et mon corps. Troisième essai et je réussis mon inversion ! Mon sang, qui a bien monté à la tête ne m’empêche pas de ressentir cette immense fierté de dépassement de soi, j’ai persévéré et j’ai fini par réussir quelque chose que je pensais impossible avec mon corps. On poursuit avec le V, le crucifix inversé, le cross knee en sit et en spin, la chaise…