Le début d’Amanda est enchanteur, trop beau pour être vrai. Amanda et sa mère, Sandrine, ont la complicité brillante, pétillante, éclatante. Elles se dandinent vibrantes sur du Elvis Presley, dévorent des Paris-Brest. David, le frère de Sandrine, court après le temps entre deux petits boulots. Toujours là pour sa sœur et sa nièce, même avec un peu de retard. Un frère et une sœur unis dans l’adversité, face à la désertion d’une mère absente, lointaine. C’est l’été, les tenues sont légères, les couchers de soleil apaisants, le ciel sans nuage à l’horizon. Et puis, l’horreur surgit. Un pique-nique entre ami.e.s se transforme en une véritable boucherie. Des terroristes fusillent des innocent.e.s, des inconnu.e.s. Comme dans nos bars et nos lieux culturels le 13 novembre 2015. En un instant tout bascule. Pour les personnages du film plus rien ne sera jamais comme avant, et pourtant le soleil d’été poursuit sa course implacable, ce même soleil doré qui brille sur le château de Vincennes, le soir de l’attentat.
David, jeune adulte encore insouciant de 24 ans, assez nonchalant, qui passe son temps à traverser Paris en vélo, doit alors trouver les mots pour annoncer à sa nièce que sa mère, ils ne la reverront plus jamais. Puis, surtout, décider ou non de devenir son tuteur, jusqu’à sa majorité. Le voilà responsable d’un autre être, sans préparation. Il doit gérer son deuil tout en aidant sa nièce à faire face au sien. Tant et si bien qu’on ne sait plus très bien, finalement, qui soutient l’autre. David tente aussi de continuer tant bien que mal à vivre sa jeunesse, son histoire d’amour avec Léna, sa voisine, ses soirées avec les copains, comme si tout allait bien. Mais dès qu’on l’interroge, il s’effondre. Et puis malgré tout, le temps passe, et même si David visite un foyer pour enfants, on comprend sans attendre qu’il l’annonce officiellement, que c’est plié, Amanda il ne la lâchera pas.
Vincent Lacoste, si touchant dans ce rôle dramatique, dont le regard vacille, hésite, qui ne sait pas trop quoi faire de son corps, de ses bras, qui ne trouve pas toujours les bons mots, qui est parfois franchement à côté de la plaque, mais dont le sourire authentique, naturel, franc, rassure. La joie jaillit, refait surface dans des instants volés, fugaces, inattendus.